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Les plannings familiaux dans la rue contre la décision de De Block sur la pilule

Une centaine de manifestants se sont réunis jeudi matin place Surlet de Chokier à Bruxelles pour défendre le droit des femmes à avoir accès à une contraception d’urgence si elles le désirent.

Sous le slogan « la pilule ne passe pas », les quatre fédérations francophones des centres de planning familial ont contesté le refus de la ministre de la Santé, Maggie De Block, d’autoriser la délivrance de la pilule du lendemain par quelqu’un d’autre qu’un médecin ou un pharmacien.

La fédération laïque des centres de planning familial, la fédération des centres de planning et de consultations, la fédération des centres de planning familial des femmes prévoyantes socialistes et la fédération des centres pluralistes de planning familial sont entrées « en résistance » jeudi contre la décision de la ministre De Block. « Nous manifestons aujourd’hui pour maintenir un droit, le droit des femmes à pouvoir obtenir la pilule du lendemain dans les centres de planning familial. Ce droit est acquis depuis vingt ans et aujourd’hui, on se rend compte qu’il est illégal. On voudrait dès lors faire changer la législation, tout simplement, pour que le bon sens revienne », a déclaré Gaëtan De Laever, directeur de la fédération laïque des centres de planning familial (FLCPF).

Maggie De Block refuse de changer la loi de 1967 sur la délivrance des médicaments. Cette législation, qualifiée d’obsolète par les organisations de terrain, n’autorise pas le personnel non médical à distribuer ce contraceptif à l’accueil des centres de planning et « limite dès lors l’accès au droit à la contraception des femmes ». La pilule du lendemain est pourtant vendue sur simple demande et sans prescription médicale dans les pharmacies du pays, soulignent les fédérations.

Avec des plaquettes de pilule en guise de boucles d’oreille, les manifestants affichaient les slogans: « Accès pour toutes à la pilule », « Notre corps nous appartient », « Femmes en résistance ». Le secteur a également souligné que la réalité flamande diffère de celle francophone, où les plannings sont pour de nombreuses femmes un lieu d’écoute, de conseils, de suivi médical, de prévention et pas uniquement « de simples distributeurs. » En Flandre, il n’existe en effet plus de centres de planning familial comme on les connaît en Wallonie ou à Bruxelles. La Région flamande dispose de centres pratiquant exclusivement l’avortement (Abortuscentra). Les missions de prévention et de sensibilisation ont été confiées au centre d’expertise flamand pour la santé sexuelle, Sensoa. Les autres missions des plannings ont, elles, été intégrées dans les centres de santé globale.

« Nous pensons que si la ministre ne souhaite pas changer d’avis, c’est qu’elle connaît probablement mal le fonctionnement de nos centres de planning puisque ceux-ci ont disparu en Flandre et donc, que cette problématique n’existe pas », épingle la FLCPF.

Les fédérations rappellent que la contraception d’urgence a pour but d’éviter une grossesse non désirée après un rapport non protégé. « Mettre des obstacles au recours à la contraception d’urgence, c’est augmenter les grossesses non désirées dont nous savons qu’environ 60% vont se terminer par une interruption volontaire de grossesse: un échec pour l’individu, pour la société et un coût majoré. »

En fin de manifestation, les représentants des quatre fédérations des plannings familiaux ont remis une lettre au cabinet De Block afin d’obtenir un principe dérogatoire dans les plannings pour que la pilule puisse être distribuée en dehors d’une consultation médicale. Dans cette lettre, les fédérations indiquent par ailleurs qu’elles continueront à désobéir à la ministre en délivrant le contraceptif « dans une volonté de protéger le droit de chaque femme à disposer de son corps ».

Hier/mercredi, les plannings familiaux francophones ont été soutenus dans leur combat par le parlement wallon, qui a adopté une motion défendant la délivrance de contraceptifs d’urgence dans ces centres. La ministre francophone des Droits des femmes, Isabelle Simonis, a, quant à elle, demandé à la ministre De Block de tenir compte de la spécificité francophone et de prévoir des aménagements législatifs adéquats.

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