Thierry Fiorilli

Les migrants et le vrai visage de la suédoise

Thierry Fiorilli Journaliste

C’est l’une des rentrées les plus cruciales de ces dernières années. Parce qu’elle se déroule en pleine crise existentielle de l’Europe dans sa globalité. Cette crise est celle que l’on a baptisée  » des migrants « .

Alors qu’elle est en réalité déclenchée par un afflux incontrôlable de réfugiés comme on n’en avait jamais vu sur nos territoires depuis la Seconde Guerre mondiale, en termes d’ampleur, de durée, de conditions et de frontières concernées. Des réfugiés fuyant les conflits, chez eux, que les Européens, notamment, n’ont pas pu empêcher, voire aux causes desquelles ils ont contribué, ne fusse que par leur incapacité à adopter (et puis à s’y tenir) une ligne d’action commune pour éviter un chaos somme toute assez prévisible. Pas de politique de développement dans les régions à risques évidents, pas de diplomatie cohérente, pas de stratégie à long terme, pas de calcul sérieux des risques encourus par les populations locales ni donc de leurs conséquences. D’un côté, l’exode depuis des terres devenues invivables vers d’autres, ici, considérées comme salvatrices. De l’autre, des réactions tranchées : soit l’élan de solidarité le plus profond, soit le rejet le plus catégorique. Soit la conviction qu’il faut ouvrir grand les portes à ces cohortes de malheureux, soit la certitude qu’il faut au contraire opter pour des choix restrictifs. Soit la compassion, soit la peur panique et/ou la bile aux lèvres.

Bref : voilà les dirigeants de chaque Etat-membre de l’UE qui réclament une réponse collégiale à l’urgence provoquée par la « question des migrants ». Ce qui revient à exprimer, à nouveau, leur impuissance, leur impréparation et leur improvisation face à des défis immenses et délicats (ça reste le cas aussi en matière de lutte contre le terrorisme, notamment), mais annoncés ou clairement posés depuis au moins une décennie. Et donc, mi-septembre, d’un sommet des ministres européens de l’Intérieur, « convoqué en urgence… », devrait sortir, veut-on nous faire croire, des mesures qui, soudainement, souderaient chaque nation de l’Union et qui répondraient de façon appropriée à ce qui reste avant tout une bouleversante méga-crise humanitaire.

Sérieusement, personne ne peut y croire. Les tragédies survenues à répétition, ces dernières années, au large des côtes italiennes, espagnoles, chypriotes, maltaises et grecques, ont déjà provoqué un nombre incalculable de sommets d’urgences, de déclarations d’intentions, d’incantations, d’appels à l’aide, de secours envoyés dare-dare, etc., sans que la politique européenne, en amont comme en aval, n’offre de réelles solutions. On assiste au contraire à des déplacements successifs des « portes d’entrée » en Europe, à la multiplication des organisations de passeurs, à la diversification des moyens pour tenter de se faufiler dans ce qui ressemble toujours plus à une forteresse et toujours moins à ce continent d’accueil, de justice et de droits octroyés à tous.

C’est sur le dossier des réfugiés que la suédoise pourrait montrer son vrai visage

Il n’en reste pas moins que c’est de ces dirigeants qu’on attend des choix clairs, adultes, honnêtes, hors tactiques électorales. A ce titre, le gouvernement de Charles Michel est lui aussi attendu de pied ferme. Et pas seulement sous le parapluie européen. Quelle politique d’accueil prônera désormais la suédoise, sachant que, depuis un an, et dans le prolongement de celle menée par ses deux prédécesseurs (les gouvernements Leterme et Di Rupo), c’était plutôt celle du durcissement de toutes les règles ?

Bien plus que le report de l’âge de la pension, l’impact réel du tax-shift ou les querelles autour du CD&V, c’est sur le dossier des réfugiés que la suédoise pourrait montrer son vrai visage. Et le véritable rôle qu’y joue Bart De Wever, définitivement porte-voix des angoisses de « la rue » flamandes. Dont on entend clairement l’écho de l’autre côté de la frontière linguistique. Aussi.

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