Une des affiches placées dans les villes de Courtrai et Gand, avec le message "La circoncision des femmes limite les risques de MST" barré de nombreux commentaires. © UGent

Les étudiants face aux fake news : l’expérience de l’Université de Gand (vidéo)

Stagiaire Le Vif

Pour tester l’esprit critique des étudiants, l’UGent a demandé à des professeurs de donner sciemment de fausses informations aux étudiants afin de voir leurs réactions.

Milgram l’avait testée dans les années 60, l’université de Gand l’a adaptée aux réalités de 2018. À l’heure des fake news et de l’abondance d’informations, l’université voulait voir comment réagiraient ses étudiants s’ils étaient confrontés à de fausses informations… données par les professeurs. Le but ? Voir si les élèves oseraient contredire le maître devant leurs camarades.

C’est une adaptation de la célèbre expérience de Milgram, réalisée dans les années 60. Celle-ci cherchait à évaluer l’obéissance d’une personne face à une autorité qu’il juge légitime, alors même que cette autorité donne des ordres ou des informations dont la moralité est discutable. Décryptage de l’expérience avec Anne-Cécile Collignon, responsable communication de l’université.

Comment l’expérience s’est-elle mise en place concrètement ?

Anne-Cécile Collignon : « L’UGent souhaitait refaire parler de sa philosophie dans la ville de Gand. Nous avons donc cherché à montrer cette philosophie. La première étape a été la mise en place d’affiches dans la ville pour provoquer des réactions. Sur ces affiches, on pouvait lire par exemple que ‘L’excision des femmes limite les risques de MST’ ou que ‘La pauvreté est une maladie héréditaire’. Après un moment des personnes avaient réécrit par-dessus pour réagir à ce qui était dit.

La deuxième étape a été les expériences en salle de cours. Les professeurs donnaient également de fausses informations aux élèves pour voir s’ils réagiraient. Ils remettaient, par exemple, en cause la théorie de l’évolution de Darwin ou bien affirmaient que les jeunes ne sont que des zombies sous contrôle d’Apple« .

Avec quels résultats?

« Cela dépendait des matières : quand ça touche plus les étudiants, ils réagissaient plus. Dans les exemples cités, les étudiants réagissaient moins lorsqu’on allait contre Darwin que lorsqu’on affirmait à tout l’auditoire qu’ils ne sont que des zombies. Les étudiants de première année prenaient également moins vite la parole que leurs collègues plus âgés« .

Quelles réactions est-ce que cela a provoquées chez les étudiants quand ils ont su ?

« Quand un étudiant osait parler et contredire le professeur, il était appelé devant et le recteur arrivait alors pour le féliciter et rappeler que les étudiants ne doivent pas arrêter de penser par eux-mêmes. C’est le slogan de l’université d’ailleurs : Durf denken (ose penser). À l’heure où autant de fausses informations circulent, c’est quelque chose que l’université voulait que les étudiants gardent à l’esprit : qu’ils osent penser et osent faire valoir leurs opinions.« 

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Thomas Modave

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