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« Le fédéral doit utiliser la fiscalité pour limiter la voiture »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le ministre bruxellois de la Mobilité, Pascal Smet (SP.A), défend le piétonnier bruxellois malgré le chaos pour les automobilistes. « Des alternatives existent déjà et d’autres arrivent », plaide-t-il. Non sans renvoyer la patate chaude au fédéral sommé d’agir pour freiner le flux des navetteurs vers la capitale.

Levif/L’Express : l’ouverture du piétonnier dans le centre de Bruxelles, début de cette semaine, n’était-elle pas prématurée au vu des problèmes de mobilité qu’elle génère…

Pascal Smet : Certains ont affirmé que nous allions trop vite en lançant le piétonnier, mais ça fait dix ans que l’on en parlait ! Il fallait cesser les palabres et décider. Des alternatives existent déjà : il y a des lignes de métro, de tram et de bus dans le centre de Bruxelles, sans oublier les vélos de Villo! En outre, si le piétonnier est définitif, le plan de circulation, lui, sera évolutif. Nous l’adapterons parce que la ville est un organisme vivant. Mais il faut cesser de penser, comme on l’a fait pendant quarante ans, que les boulevards du centre peuvent servir de transit entre le nord et le sud en abîmant la qualité de vie des habitants. Nous ne voulons plus cela !

Une unité politique nationale n’est-elle pas nécessaire pour réussir l’enjeu de la mobilité ?

C’est vrai. Nous sommes toutefois encore loin de cette union nationale, même si le dialogue entre les Régions s’améliore. Tout le monde a un rôle à jouer, y compris le fédéral, à trois niveaux. Tout d’abord, en ce qui concerne les chemins de fer. Je suis content que l’on ait enfin avancé pour le RER que l’on commençait à appeler le « Réseau éternellement retardé ». Il deviendra le réseau « S » comme le S-Bahn en Allemagne. J’ai convaincu le gouvernement bruxellois d’avoir un dialogue constructif en ce sens avec le fédéral.

Ce n’était pas évident ?

Non, mais faisons ensemble que ce « S » devienne une vraie marque. Le 15 décembre prochain, le tunnel ferroviaire Schuman sera enfin terminé. Le 17, il y aura une adaptation du plan ferroviaire. Et le 22, tout le réseau doit être prêt. Nous verrons alors si le gouvernement fédéral peut nous assurer suffisamment de trains, d’arrêts, de fréquences afin que cela devienne une vraie alternative. La deuxième action que peut mener le fédéral, c’est de prendre une mesure concernant les voitures de société. Même IBM est venu ici à mon cabinet – on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un lobby de gauche proche de Pascal Smet, hein… – pour me dire qu’il faut agir. Je ne dis pas qu’il faut supprimer cet avantage pour les gens, mais nous consacrons aujourd’hui 4,1 milliards d’euros, bien plus que ce que l’on octroie à la SNCB, à un système qui engorge nos routes et dégrade notre qualité de vie. Cela peut prendre différentes formes. Je suis favorable à ce que les gens qui habitent là où ils travaillent reçoivent un bonus fiscal. Paradoxalement, ceux qui vivent en ville coûtent moins à la collectivité en matière de mobilité, mais ont un coût de la vie plus élevé car le logement, la nourriture, même un paquet de frites coûtent plus cher que dans la Wallonie ou la Flandre profondes… Il y a quelque chose d’erroné dans l’organisation de notre société. Je suis favorable à ce bonus fiscal urbain… Le troisième domaine dans lequel le fédéral a un rôle à jouer, c’est précisément la fiscalité. Le trajet du domicile au travail est aujourd’hui déductible. Là encore, le fédéral subsidie les problèmes de mobilité… Le gouvernement bruxellois n’a pas de pouvoir en ces matières, nous ne pouvons qu’inciter le fédéral à le faire.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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