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La fin de la bande FM en Belgique n’aura sans doute pas lieu avant 10 ans

La Norvège est devenue mercredi le premier pays au monde à débrancher progressivement sa radio FM au profit du numérique. En Belgique francophone, la transition est en cours, mais en douceur. Celle-ci pourrait prendre dix ans.

« Les autorisations actuelles pour diffuser sur la bande FM arrivent à échéance ce 1er juillet 2017 », explique Nele Smets, responsable de l’unité « Radios » au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). « La procédure de renouvellement des fréquences prend habituellement six mois, mais l’appel d’offre n’a toujours pas été lancé », remarque-t-elle. « Il est donc probable qu’une prolongation temporaire des fréquences actuelles soit décidée par le gouvernement et que les nouvelles autorisations ne soient délivrées qu’en 2018, sans doute pour neuf ans. »

Le nouvel appel d’offres attendu dans le courant de l’année devrait permettre la transition vers le numérique. Les opérateurs pourront en effet rentrer des dossiers couplés FM et DAB+ (Digital Audio Broadcasting +, ou Radio Numérique Terrestre). Un opérateur pourra donc postuler pour une ou plusieurs fréquences FM et également développer une ou plusieurs chaînes numériques en parallèle.

Actuellement, la bande FM francophone à Bruxelles, où l’on est au maximum de la capacité, est occupée par cinq radios de la RTBF, six réseaux privés et onze radios indépendantes, soit 22 fréquences. Avec le DAB+, trois multiplex numériques pouvant accueillir entre 12 et 18 radios seront développés. Deux seront dévolus aux réseaux multiprovinciaux (publics et privés), le troisième aux radios indépendantes. « Cela vous donne une idée du nombre de chaînes potentiel », détaille Mme Smets.

Pour le moment, l’ensemble des opérateurs placent déjà leurs pions en vue du prochain appel d’offres. Ainsi, la RTBF développe Media Z, sa première radio 100% numérique consacrée à la culture hip-hop. Le groupe RTL a relancé le programme pop-rock Mint sur la bande FM avec l’aide de réseaux provinciaux et produit à nouveau des émissions propres pour cette chaîne sur internet. Le groupe NRJ/Nostalgie développe pour sa part en ligne le service « pop/love musique » Chérie FM.

Les trois principaux groupes sont rassemblés sur la plateforme maradio.be, qui préfigure l’offre numérique future. Celle-ci accueille également quelques radios locales.

Des interrogations subsistent toutefois pour les radios provinciales et les indépendantes. « Le DAB+ ne permet plus de se développer sur une zone de couverture très localisée et l’ouverture de ces radios sur des territoires plus larges relève d’une décision politique », prévient le CSA, qui plaide pour sa part pour un développement différencié en fonction des obligations en termes de public et du chiffre d’affaires de chaque opérateur.

Techniquement, le développement des deux multiplex multiprovinciaux sera assuré par la RTBF, en accord avec les opérateurs privés. On ignore encore qui se chargera du multiplex dévolu aux indépendants. Un budget de 5,4 millions d’euros a été débloqué par le ministre des Médias Jean-Claude Marcourt à cet effet. La chaîne publique prévoit également des investissements avec un retour via la location des émetteurs.

La technologie DAB+ offrira à l’auditeur un choix plus large et l’accès à des métadonnées. Le podcast sera également intégré dans l’offre. Le public devra toutefois investir dans un nouvel équipement. Il sera également nécessaire d’équiper les voitures de la technologie. Un stand DAB+ proposé par les opérateurs francophones et néerlandophones sera d’ailleurs installé au salon de l’auto qui ouvre ses portes vendredi afin d’informer les visiteurs et sensibiliser les constructeurs.

Selon Nele Smets, l’implémentation du numérique prendra « au moins 9 ans ». « Le développement de la radio numérique est plus lent que pour la télévision, où la Commission européenne avait imposé le passage. En radio, il n’existe même pas d’accord sur une norme technique commune. Cela ralentit le développement. La Norvège, non-membre de l’UE, a de son côté imposé la transition. »

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