© Belga

L’épineuse question de l’embargo d’armes belges vers l’Arabie saoudite

Le ministre fédéral de la Coopération au développement, Alexander De Croo (Open Vld), a appelé dimanche à la cessation des livraisons d’armes fabriquées en Belgique à l’Arabie saoudite, pointant au passage la Région wallonne.

L’Arabie saoudite mène une « horrible guerre » au Yémen, désormais touché par la famine selon les ONG. Le gouvernement fédéral avait annoncé vendredi dernier apporter un euro supplémentaire à chaque euro versé au Consortium 12-12, à destination de la Corne de l’Afrique mais aussi du Yémen.

« On ne peut pas essayer de sauver des vies humaines et, dans le même temps, livrer des armes », a commenté M. De Croo dans l’émission de la VRT « De Zevende Dag ». Pour lui, ces vies humaines sont menacées par « des armes que nous exportons nous-mêmes ».

Et le ministre d’affirmer que « 60% des exportations d’armes belges vers l’Arabie saoudite viennent de la Wallonie ». Alexander De Croo estime que, les Régions étant compétentes pour les licences d’armes, il ne peut lui-même faire cesser ces exportations.

« Je ne peux que plaider auprès d’eux pour mettre fin à cette folie. Une solution pourrait être d’instaurer un embargo sur les armes pour raisons humanitaires », a ajouté M. De Croo, disant avoir le soutien du Premier ministre Charles Michel (MR).

Au parlement wallon, le chef de groupe MR Pierre-Yves Jeholet a récemment proposé au ministre-président wallon Paul Magnette (PS) de remettre sur la table ce débat éthique, qui a aussi des implications sur l’emploi et les finances publiques à travers la FN Herstal.

Paul Magnette n’avait pas dit non, mais il avait aussi, à cette occasion, fait valoir des chiffres bien différents de ceux mis en évidence dimanche par Alexander De Croo: pour 2015, dernière année où des chiffres complets sont disponibles sur les exportations belges d’armes vers l’Arabie saoudite, les exportations wallonnes ont représenté 287 millions d’euros et les flamandes près de trois fois plus, soit 887 millions d’euros.

C’est que la croissance des exportations belges d’armement vers l’Arabie saoudite ne se fait pas en armes et en munitions, mais sous la catégorie des produits chimiques et pharmaceutiques, ainsi qu’en machines et équipements, a relevé M. Magnette.

La position du gouvernement wallon est d’appliquer un embargo qui serait décidé au niveau européen. Or le parlement européen a voté une résolution en 2016 réclamant un embargo sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Mais la responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, y a apporté « une sorte de fin de non-recevoir », note M. Magnette.

Il rappelle que les demandes d’autorisation d’exportations vers l’Arabie saoudite font l’objet d’un examen « extrêmement minutieux au regard des critères de la position commune européenne », et que le gouvernement wallon a à plusieurs reprises demandé de nouveaux tours de table du COARM, cette instance qui fixe la position commune de l’UE.

En Flandre, le ministre-président Geert Bourgeois (N-VA) avait tancé la Wallonie avec virulence en janvier 2016, mais il avait donné son feu vert en septembre à un contrat d’exportation de composants d’armement vers l’Arabie saoudite, en particulier des viseurs, assurant que le matériel était destiné à des applications civiles, et relevant qu’il n’existait pas d’embargo européen sur les armes avec l’Arabie saoudite.

Contenu partenaire