La Grande mosquée, à Bruxelles, toujours dans le giron de l'Arabie saoudite. © Daina Le Lardic/ISOPIX

Grande Mosquée de Bruxelles : Riyad d’accord pour en céder la gestion aux musulmans locaux

L’Arabie saoudite est disposée à accorder plus de responsabilités aux responsables musulmans de Belgique dans la gestion de la Grande Mosquée du Cinquantenaire à Bruxelles, a affirmé mardi le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.

« Il y a un accord avec les Affaires étrangères saoudiennes pour avoir une implication plus grande des communautés locales dans la gestion de la Mosquée », a-t-il affirmé à la presse à l’issue d’une rencontre avec son homologue saoudien, Adel al-Jubeir, au Palais d’Egmont à Bruxelles – la seconde du genre en sept mois.

M. Reynders a ensuite expliqué qu’il existait désormais un accord « pour dire que la Belgique peut reprendre en main la gestion de cette Grande Mosquée et la confier probablement à une autorité locale, une autorité du culte musulman. Probablement l’Exécutif des musulmans de Belgique ».

« Maintenant, c’est au ministère (belge) de l’Intérieur et à celui de la Justice de travailler sur ce sujet », a ajouté le chef de la diplomatie belge.

La commission d’enquête sur les attentats du 22 mars avait pointé du doigt, dans le cadre du troisième volet de sa mission, le radicalisme en Belgique, la mainmise de Riyad sur la Grande Mosquée du Cinquantenaire à Bruxelles, à travers la Ligue islamique mondiale. L’un des experts de la commission a suggéré de confier cette mosquée, décriée pour la vision très rigoriste de l’islam qui y serait enseignée, à l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), ce qui impliquerait de casser la concession accordée en 1967 par la Belgique au royaume saoudien – opération potentiellement délicate diplomatiquement, mais qui a fait l’objet de discussions lors de la visite d’une délégation belge de haut niveau du 5 au 8 novembre derniers dans les pays du Golfe.

M. Reynders a toutefois réclamé une « transparence totale » sur le financement de la mosquée. « Il faut un accord préalable de la Belgique avant qu’un financement puisse intervenir. S’il n’y a pas d’accord préalable et qu’on constate un financement, celui-ci devra s’arrêter. Et cela concerne, par exemple, aussi bien une mosquée qu’une école islamique », a-t-il dit.

Son homologue saoudien a confirmé avoir parlé de la politique de l’Arabie saoudite concernant les institutions islamiques et les centres islamiques.

« Notre politique est de faire cela avec l’accord total du gouvernement local. Nous allons travailler avec le gouvernement belge pour faire en sorte que tout se fasse dans une transparence totale et d’une façon qui promeut la tolérance et l’inclusion plutôt que l’intolérance. Nous rejetons l’extrémisme et l’intolérance en Arabie saoudite, et nous allons mener la même politique au niveau international », a affirmé M. Jubeir.

M. Reynders a par ailleurs annoncé la signature prochaine d’un memorandum d’entente (en anglais « Memorandum of Understanding », MoU) entre la Cellule de Traitement des Informations financières (CTIF) et son homologue saoudienne.

Il a enfin confirmé que la Belgique avait invité l’Arabie saoudite à la conférence internationale contre la peine de mort qui se déroulera à Bruxelles en 2019, dans le cadre d’un dialogue sur les droits de l’homme avec un pays en pleine évolution, à l’instigation du jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, le nouvel homme fort du royaume.

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