Marc-Jean Ghyssels © Belga

Fait de moeurs à Forest : 57 parents d’élèves contre-attaquent

Le Vif

Pas moins de 57 parents d’élèves de l’Ecole des Septs Bonniers vont assigner, cet après-midi, la Commune de Forest en justice pour non-assistance à personne en danger.

Les parents reprochent au Pouvoir Organisateur (PO) l’envoi en classe verte d’élèves au Domaine de Palogne (région de Huy), malgré les suspicions de fait de moeurs lors d’un voyage d’enfants de la même école la semaine précédente. Les parents reprochent également au PO des écoles de Forest l’absence d’information et de prise en charge des enfants pendant les trois mois qui ont suivi.

Le scandale avait éclaté début février, à la suite de l’envoi d’un courriel anonyme qui faisait état d’une instruction en cours, à la suite d’une constitution de partie civile des parents de la victime présumée. Celle-ci aurait subi des attouchements pendant un voyage en classe verte au Domaine de Palogne, géré par l’ASBL du Domaine touristique du Vallon de la Lambrée, elle-même gérée par la province de Liège. Un premier autocar d’enfants est parti du mardi 7 novembre au vendredi 10 novembre. C’est le lundi 13, dans l’après-midi, la veille du départ d’un second groupe, que des parents ont fait part d’un fait de moeurs (attesté par SOS Enfants St Pierre selon des sources proches du dossier) lors du premier voyage sur leur fille de 4 ans, à la Directrice de l’école.

La suite est assez confuse, puisque le Bourgmestre de Forest, Marc-Jean Ghyssels (PS), a dit dans un premier temps lors d’une réunion houleuse avec 150 parents d’élèves que « la décision de faire partir le bus a été prise en concertation avec Françoise Père, échevine à l’instruction publique, Mme Banaziak, la Directrice, l’avis du service de l’instruction publique, la Secrétaire communale et moi ». Il est revenu deux jours après sur ses déclarations en affirmant qu’il n’avait été au courant de cette affaire que le jeudi 13 novembre, la veille du retour de Palogne des enfants du second groupe.

Il nous a reconfirmé lors d’une interview exclusive, qu’il « n’a pas envoyé le 2e autocar » parce qu’il « n’avait pas connaissance des faits », en ayant été informé seulement le jeudi 13 novembre au soir « vers 19h-19h30 », mais qu’il en « assumait la responsabilité parce que je trouve que c’est mon rôle de Pouvoir Organisateur ». Selon lui, les personnes qui ont pris la décision d’envoyer le second groupe d’enfants à Palogne le lundi 13 novembre sont : la Directrice de l’école des Sept Bonniers (Nathalie Scardina), la coordinatrice pédagogique (Eva Banaziak) et la Responsable de l’instruction publique (Marie van Zutphem). « J’ai des professionnelles de l’instruction publique qui gèrent des écoles, dont une a été directrice de cette école pendant des années, en qui j’ai confiance. Elles ont apprécié en âme et conscience par rapport aux éléments qu’elles avaient, ou qu’elles n’avaient pas : c’est ça que j’essaie d’expliquer aux parents. Et elles ont jugé qu’il n’y avait pas de danger, » nous a-t-il expliqué.

Enquête interne reportée

Une enquête interne, promise aux parents et au Conseil Communal a été lancée le 23 février dernier et devait être rendue publique à la séance du Conseil Communal de ce 20 mars en soirée. La divulgation de son résultat sera finalement reportée. « Les fonctionnaires doivent compiler les documents et sortir un résumé. On va avoir ça dans le courant de la semaine. Il y a une demande en huis clos ou en commission sur l’état du dossier, mais ce ne sera pas encore la communication des résultats parce qu’à mon avis, ils n’auront pas fini leur rapport. De toute façon, avant de montrer le rapport au conseil communal, on va le soumettre au Collège. On va respecter les procédures, » nous a indiqué le Bourgmestre.

Cette enquête interne a été demandée pour faire la lumière sur la chaîne de décisions autour du second voyage à Palogne. Une trentaine de personnes travaillant à la commune font l’objet de cette enquête. La Secrétaire Communale Betty Moens, l’échevine de l’instruction publique Françoise Père et le Bourgmestre Marc-Jean Ghyssels ont répondu par écrit. « Les autres fonctionnaires ont été entendus par une responsable du service du personnel et du Secrétariat communal, comme ça se fait dans toutes les procédures internes dans une Commune,  » a précisé le Bourgmestre.

Graves manquements

Ce soir, les représentants des parents d’élèves fourniront « une chronologie détaillée des événements, ainsi que de nouvelles pièces qui démontrent de graves manquements dans la gestion du dossier, » selon les représentants de l’action en justice des parents d’élèves. Ils reprochent également au Bourgmestre son manque de transparence dans la gestion de cette affaire. « Je leur ai dit depuis le départ : je ne communique pas quand je n’ai pas les éléments. Je n’ai pas d’éléments. Je ne sais même pas s’il y a des faits avérés aujourd’hui. Les parents de l’enfant n’ont jamais voulu me rencontrer. Les parents de l’enfant n’ont jamais communiqué le moindre certificat. Les parents de l’enfant ont mis six jours avant de déposer plainte. Tout ça, ce sont des éléments qui m’interpellent. J’ai expliqué cela aux parents. Il y a une instruction judiciaire en cours. Je n’ai pas d’éléments, je ne communique pas, » s’est expliqué Marc-Jean Ghyssels. Pour lui, les faits de moeurs à Palogne sont actuellement « une rumeur ». « Quand quelque chose est à l’instruction, ce n’est pas nécessairement des faits qui sont avérés. Puisque c’est un magistrat qui doit se prononcer s’il y a quelque chose ou pas, » conclut-il.

Hughes Belin

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