Égaux devant le don de sang

En matière de transfusion, faut-il continuer de refuser le sang des  » hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes  » ? Le débat évolue au sein des nations occidentales.

En Belgique, en vertu de l’application du principe de précaution et sur base d’une directive européenne, cette catégorie est actuellement exclue du don du sang. Le comité français d’éthique vient pour sa part de se prononcer également contre le don de sang des homosexuels masculins.

La France et la Belgique font-elles montre d’hyper-conservatisme, la première étant toujours traumatisée par le scandale du sang contaminé mis au jour dans les années 80, conséquence de réflexes purement mercantiles ?

Maggie De Block, notre ministre de la Santé publique, s’interroge à ce propos. Elle vient de demander un avis au Conseil supérieur de la santé. Une large étude basée sur la littérature menée par la Croix-Rouge pose, quant à elle, plus de questions qu’elle n’apporte de réponses étant donné la qualité faible, en termes de preuve, de la quinzaine d’études finalement retenues.

Certes, selon des chiffres de l’Institut supérieur de la santé, les homosexuels masculins sont impliqués plus de la moitié des nouvelles infections HIV. Et le droit fondamental des receveurs est d’obtenir du sang de qualité irréprochable.

Reste qu’il n’existe aucune preuve directe d’un risque supérieur de transmission du HIV par un donneur homosexuel plutôt que par un donneur hétérosexuel. Il n’existe que des preuves indirectes basées sur la prévalence.

À une époque où les gays peuvent se marier, être homo-parents, il n’y a plus aucune raison de les exclure du don de sang

Or personne ne songe à exclure les bisexuels occasionnels ni leurs conjointes.

Avec les derniers tests basés sur les gènes et non plus sur les anticorps, le risque de transmission est devenu quasi-nul. En France, le dernier cas remonte à plus de dix ans.

L’exclusion des gays repose donc aujourd’hui essentiellement sur la peur et le ressenti. Jusqu’à nouvel ordre, l’homosexualité ne se transmet pas par le sang.

La seule mesure pragmatique serait d’exclure tout donneur homme ayant eu une relation sexuelle avec un homme depuis un certain délai. La FDA, le Royaume-Uni et l’Australie recommandent d’attendre un an (de rapport protégé). Un mois pourrait-il être suffisant ? Cette période d’attente est basée de toute façon sur la bonne foi du donneur.

À une époque où les gays peuvent se marier, être homo-parents, il n’y a, à notre avis, plus aucune raison de les exclure du don de ce précieux liquide dont manquent les services d’urgence et de soins intensifs. Ce au nom du rapport bénéfice/risque et pas au nom du principe de précaution qui, appliqué à l’excès, s’apparente à de la discrimination.

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